Dans l’orbite de Rome – CODEX
Dans l’orbite de Rome

Dans l’orbite de Rome

Comment l'Empire impose son arbitrage en Orient

Les habitants du petit royaume juif ont connu bien des dominations étrangères quand Rome s’invite dans les affaires locales en 63 avant notre ère. L’Empire consolide progressivement son pouvoir. Mais il respecte les particularismes culturels et religieux.


En 30 de notre ère, Jésus fut condamné à mort par le pouvoir romain comme « roi des Juifs », nous dirions aujourd’hui « roi de Judée », titre que Rome avait créé pour Hérode, en reconstituant à son bénéfice un royaume-client en Palestine. L’événement et le contexte de la mort de Jésus ont conduit à projeter sur cette époque des images de « colonisation » et de « résistance », « d’occupation » et même de « collaboration », directement inspirées par l’actualité du XXe siècle. La dureté exceptionnelle de la répression romaine après la guerre juive de 66-70 semblait conforter cette interprétation. Mais, paradoxalement, l’historiographie et l’archéologie israélienne présentent aujourd’hui le règne d’Hérode, sous lequel naquit Jésus, comme une période de prospérité et de grandeur, d’accès à la modernité et à la mondialisation. Son impact religieux et social demeure objet de débat.

En remontant les siècles, l’histoire du peuple juif s’inscrit continûment dans le cadre d’une domination étrangère : la domination des Assyriens, celle des Perses, celle des royaumes hellénistiques constitués en Syrie et en Égypte après la fulgurante conquête d’Alexandre le Grand en 332 av. J.-C. Au IIIe siècle av. J.-C., la Judée est une zone-tampon entre les royaumes séleucide, à l’est, et lagide, en Égypte. Elle bénéficie d’un siècle d’autonomie, puis d’indépendance, sous la dynastie des Hasmonéens, issue de la révolte des Maccabées (164). Profitant de rivalités dynastiques, les Romains, sous le commandement de Pompée, achèvent la conquête de la Syrie par la prise de Jérusalem en 63 avant notre ère (lire focus p.47). Ils inaugurent une nouvelle domination (…).

Par Marie-Françoise Baslez, professeur émérite d’histoire des religions de l’Antiquité, Université Paris-Sorbonne