Un maître d’œuvre sur le terrain – CODEX
Un maître d’œuvre sur le terrain

Un maître d’œuvre sur le terrain

Un homme-orchestre capable de dialoguer avec tous les corps de métier

Travailleur infatigable, Viollet-le-Duc suit ses chantiers dans leurs moindres détails grâce
à une correspondance intense avec ses inspecteurs et de nombreux déplacements sur le terrain. Il est capable de dialoguer avec tous les corps de métier. C’est un patron fidèle mais exigeant.


La restauration de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay est la

En août 1879, un mois avant sa mort, Viollet-le-Duc travaille encore. Il œuvre à la restauration du château d’Eu. Alexandrine Sureda, dans une lettre adressée à l’inspecteur du chantier, Céleste Massenot, y décrit un homme « à bout de course, éreinté, surmené par la besogne […] ; il vient d’avoir une congestion sanguine qui a porté sur les gencives, les bronches et l’a beaucoup fatigué ». Viollet-le-Duc ne s’est jamais épargné. Dès les années 1830, il n’a cessé de cheminer à travers l’Hexagone, en bateau, en voiture à cheval ou à vapeur, pour se rendre de Pierrefonds à Paris, de Paris à Reims, de Reims à Amiens et Clermont, de Clermont à Toulouse, de Toulouse à Carcassonne, et de là à Vézelay, Saint-Denis, Auxerre et tant d’autres lieux. À chaque fois, il y rencontre ses inspecteurs des travaux, les chefs de chantier, les entrepreneurs et les artisans. Sur chaque chantier, Viollet-le-Duc dispose d’une « agence » ou bureau. Celui de Vézelay se trouve dans une baraque « en bois avec lattis et enduit ». À Notre-Dame, il est installé dans la tour sud, doté d’un parquet, d’un papier mural gris et d’un poêle à bois. À Pierrefonds, le bureau est une véritable maison à deux niveaux, bénéficiant d’une cuisine, d’une chambre à coucher, d’une garde-robe et… d’une salle de bains avec baignoire à eau chaude. Dans la pratique, Viollet-le-Duc travaille le plus souvent en dehors de l’agence. À Vézelay, Pierrefonds et Clermont, il part reconnaître les carrières avec les maçons, il choisit les métaux dans les ateliers des serruriers et il échange sur la nature des bois avec les charpentiers. Il impose par ailleurs les outils de taille de la pierre (taillant bretté et taillant droit), selon la chronologie des parements à reprendre, et fait la démonstration de leur usage. Il indique le mélange des pigments et le dosage des mortiers. C’est encore lui qui dessine la structure des échafaudages, des cintres et des étais, d’ordinaire réglée par le maçon ou le charpentier. […]

 

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