La République contre les congrégations
Les dessous d'un traumatisme
Sous la IIIe République, les religieux font l’objet d’attaques virulentes visant à les exclure des écoles. Les lois anti-congréganistes atteignent leur paroxysme avec l’interdiction totale d’enseigner en 1904. Les catholiques s’adaptent comme ils peuvent.
En France, la « guerre scolaire » lancée par les républicains, après leurs victoires électorales de 1876 et 1877, est d’abord un combat contre les congrégations religieuses qui ont bâti un véritable empire au service de l’Église catholique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 1877, sous le couvert de la loi Falloux votée en 1850, les congrégations féminines, fortes de 130 000 membres, fournissent 63 % des institutrices et scolarisent 60 % des élèves filles. Leur part s’élève à 70 % et 75 % pour les écoles primaires communales. Elles contrôlent aussi la majorité des salles d’asile (écoles maternelles), dirigent plusieurs écoles normales et accueillent les filles de la bourgeoisie dans leurs pensionnats, 20 000 par exemple chez les ursulines.
Avec 30 000 membres, dont 20 000 frères enseignants, les congrégations masculines n’ont pas le même poids : 18 % des instituteurs et 28 % des élèves garçons. L’essor du secondaire confessionnel repose en partie sur le clergé diocésain. Mais les congrégations tiennent des postes enviés dans les écoles publiques des villes et forment une fraction des élites, à l’instar des jésuites qui représentent 11 000 élèves. Au total, l’enseignement mobilise deux tiers des religieuses et trois quarts des religieux (…).
L’intégralité de l’article se trouve dans Codex #14.
Par Christian Sorrel, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Lyon 2