“La cause animale n’est plus marginale”
Entretien avec Éric Baratay, historien des animaux
Ce sujet est devenu incontournable dans notre société. Quelle place donner aux animaux ? L’historien Éric Baratay met en lumière les positions contrastées des chrétiens au cours des siècles, entre cohabitation et domination.
-En Occident, vous pointez l’émergence d’un christianisme plus sensible au sort des animaux chez les protestants. De quand date-t-il ?
Cela a commencé au XVIIIe siècle en Angleterre. Un paradoxe de l’histoire ! En effet, les protestants critiquaient avec force la présence d’animaux dans les églises aux XVIe-XVIIe siècles. Ils manifestaient une virulence particulière envers saint François d’Assise. Pour démontrer la stupidité du catholicisme, un polémiste réformé s’appuyait ainsi sur deux preuves irréfutables : la virginité de Marie et la prédication aux animaux. Le monde catholique va prendre en compte ces critiques en évacuant les animaux du domaine religieux dans la seconde moitié du XVIIe siècle. On interdit aux chiens de rentrer dans les églises. On enlève certaines statues : saint Roch était représenté avec son chien, saint Antoine avec son cochon, etc. En Bretagne, la persistance de ces habitudes médiévales suscite la colère des évêques qui effectuent les visites pastorales au moment de la Contre-Réforme. C’est à cette époque qu’on institue la fonction de chasseur de chiens, dotés d’un fouet, dans les paroisses. (…)
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