Haut-Karabagh : patrimoine en péril
Un patrimoine exceptionnel désormais sous la botte azérie
Après la victoire azérie, des milliers d’Arméniens du Haut-Karabagh ont pris le chemin de l’exil. Ils abandonnent un patrimoine exceptionnel fruit d’une civilisation millénaire. De sombres menaces de vandalisme et de destruction pèsent aujourd’hui sur ces trésors.
Dans l’enclave arménienne du Haut-Karabagh, après quarante-trois jours de combats, les armes se sont tues. Conformément au cessez-le-feu conclu le 9 novembre 2020, les Arméniens ont été forcés de céder de vastes territoires : 80 % du Haut-Karabagh et de la zone tampon protégeant l’enclave. Les avancées militaires de l’Azerbaïdjan, épaulé par la Turquie et ses supplétifs djihadistes, ont donc été entérinées. Pendant que les Azéris triomphaient et que les troupes russes s’interposaient, beaucoup d’Arméniens – 75 % de la population de l’enclave – ont pris le chemin de l’exil vers la proche république d’Arménie.
Aux confins des Empires russe, ottoman et perse, le sud du Caucase a toujours été une zone de friction et les partages voulus par Staline n’ont rien arrangé. Le Haut-Karabagh est ainsi devenu une enclave arménienne en Azerbaïdjan. Pourtant, ce pays de la taille d’un département français et que les Arméniens nomment l’Artsakh, est l’un des berceaux du royaume d’Arménie, le premier à avoir embrassé la foi chrétienne en 301, comme l’atteste la richesse des vestiges témoignant d’une brillante civilisation multimillénaire.
L’historiographie arménienne désigne l’Artsakh comme l’une des quinze provinces de l’antique royaume d’Arménie. Elle revendique la permanence d’un peuplement majoritairement arménien depuis le deuxième siècle avant notre ère. C’est d’ailleurs au Karabagh que l’empereur arménien Tigrane le Grand (Ier siècle avant J.-C.), fit bâtir une des quatre cités qui portent son nom : Tigranakert. […]
Tigrane Yegavian
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