Haro sur les jésuites
Les manifestations d'une phobie internationale
Au XIXe siècle, l'hostilité aux jésuites est d'abord politique. Elle est nourrie par l'imaginaire du complot et provoque des bannissements répétés de la part des État européens et américains. Partout, les jésuites sont désignés comme des agents étrangers et subversifs.
Le rétablissement de la Compagnie de Jésus par le pape Pie VII le 7 août 1814 est le signal de la relance de l’antijésuitisme, jamais apaisé depuis la dissolution de 1773. L’histoire de la « Nouvelle Compagnie » au long du XIX siècle est à la fois celle d’une croissance soutenue (753 membres en 1814, 16 894 en 1914) et celle des bannissements répétés des États européens et américains. Nourrie par l’imaginaire du complot, l’hostilité aux jésuites est d’abord politique. Elle croise deux figures. La première, héritée de l’Ancien Régime, traduit la résistance de l’État dans une ligne gallicane ou joséphiste opposée aux empiétements « ultramontains » : le mémoire du comte de Montlosier en témoigne en 1826 dans la France de la Restauration. La seconde lie la Compagnie à la Contre-Révolution. Elle s’impose vite dans les sociétés catholiques, travaillées par l’anticléricalisme, comme dans les sociétés protestantes, habitées par l’anti- catholicisme. Les jésuites incarnent au plus haut degré le danger des ordres et des congrégations, fer de lance de la romanité intransigeante, corps intermédiaires concurrents de la puissance civile. (…) Par Christian Sorrel, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Lyon 2
Retrouvez l’intégralité de cet article dans Codex 11.