Sur la trace des Juifs du pape
Escapade dans les synagogues du Vaucluse
Dans les villes de l’ancien Comtat Venaissin, on trouve encore des synagogues et des cimetières hébraïques qui conservent la mémoire des Juifs du pape. Une communauté à part vivait ici, regroupée au sein des carrières, entre protection et exclusion.
Ils n’étaient ni ashkénazes, ces Juifs d’Europe de l’est à l’origine de la culture yiddish, ni séfarades, les descendants des Espagnols si nombreux en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. On les appelait les Juifs comtadins. Ils formaient une communauté singulière avec leur langue méridionale teintée de vocabulaire hébraïque, leurs synagogues médiévales remaniées dans un curieux esprit baroque et leurs patronymes qui dessinaient une vaste carte du Midi comme pour marquer la complexité de leurs trajectoires familiales. C’étaient les Beaucaire, les Crémieux, les Bédarrides, les Carcassonne, les Milhaud, les Monteux, les Cavaillon, les Meyrargues… Ils bénéficiaient de la protection pontificale quand tous les royaumes d’Occident expulsaient leurs congénères, réduisant inexorablement les horizons à quelques rares exceptions. Propriété des papes entre 1274 et 1791, le Comtat Venaissin accordait aux Juifs la liberté de culte et de résidence. Ce privilège était assorti de contraintes qui ont varié au fil du temps. Malgré les dispersions et les destructions, ce territoire qui occupe aujourd’hui une bonne partie du département du Vaucluse conserve de nombreuses traces de cette longue histoire. […]
Par Priscille de Lassus
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