Un îlot arabe à la périphérie de l’Islam
Entre les infidèles et les sauvages
Tourné vers l’Orient, al-Andalus n’est pour les Arabes que la manche du vêtement de l’Islam, une périphérie politique et religieuse minée par les divisions ethniques et confessionnelles. Et ce, malgré l’éclat de sa culture
Un des problèmes majeurs de l’histoire d’al-Andalus telle qu’on l’a écrite en Europe – et d’abord en Espagne, bien sûr – c’est qu’on n’en aperçoit guère le contexte islamique. À lire cette histoire, on a l’impression que les pouvoirs et les élites andalouses ont été constamment préoccupés par le nord chrétien et la menace qu’il représentait pour eux. Menace bien réelle, au moins à partir du milieu du XIe siècle, mais que notre regard européen et rétrospectif grandit démesurément. Les sources andalouses, au contraire, la minimisent relativement, parce que leur monde est commandé par la langue arabe, c’est-à-dire par une histoire et des références, des conflits et des sympathies venues d’Orient, et où l’Espagne, l’Europe, ne jouent qu’un rôle secondaire. On pourrait en dire autant, à l’inverse, de la place assez minime que tient l’Islam dans les préoccupations de l’Occident carolingien, ou dans les dernier siècles du Moyen Âge, après la retombée des croisades. C’est que l’Islam, tout comme l’Occident héritier de Rome, est un empire, centré sur lui-même, d’abord inquiet de ses débats internes et de ses propres trajectoires.
Al-Andalus est conquise par des forces islamiques, très probablement berbères dans leur majorité, entre 711 et 721 (…). Par Gabriel Martinez-Gros, professeur d’histoire médiévale à l’Université Paris 10.
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