Des moeurs de brutes ?
La violence dans les sociétés barbares
Les chroniques, les recueils de lois et les premières découvertes archéologiques se sont ligués pour transmettre une image violente des sociétés barbares. Ce sont surtout des sociétés à État faible.
Lors du célèbre récit du vase de Soissons, Clovis roi de Tournai tue d’un coup de hache l’un de ses guerriers qui avait osé le défier lors du partage du butin après la bataille de Soissons en 486. Le même souverain est présenté dans les Dix Livres d’Histoire de l’évêque de Tours Grégoire comme éliminant un par un les autres roitelets des Francs, ses rivaux et parents, notamment Ragnacaire de Cambrai et Sigebert le boiteux, roi de Cologne.
Ces épisodes, ainsi que la lutte entre Brunehaut et Frédégonde, deux reines mérovingiennes de la fin du VIe siècle, ont participé à forger en France l’image des sociétés du haut Moyen Âge comme particulièrement violentes. On pourrait multiplier ces exemples issus des chroniques et histoires produites dans l’Europe post-romaine. Ainsi, le moine anglais Bède le Vénérable attribue au souverain breton Vortigern la venue sur l’île des Saxons menés par les frères Hengist et Horsa. Ces derniers (des personnages largement mythiques) auraient par ruse et par force réussi à s’imposer aux populations locales. Il en va de même dans l’Origo gentis Langobardorum et dans l’Histoire des Lombards de Paul Diacre qui explique l’origine du nom attribué à ce peuple dans un récit mythique mettant en scène un certain Godan et sa femme Gambara (…).
L’intégralité de l’article se trouve dans Codex #13.
Par Adrien Bayard, maître de conférences en archéologie et histoire médiévale à l’Université d’Artois