Le printemps de l’amour éclôt au XIIe siècle
Entretien poétique avec Michel Zink
Au XIIe siècle, les troubadours composent de merveilleuses chansons d’amour, sublimant le désir dans une langue fraîche et brûlante. Michel Zink dévoile la beauté de ce printemps littéraire qui marque encore notre imaginaire.
Codex : À la fin du XIe siècle, les troubadours commencent à célébrer la fin’amor. Que signifie cette expression ?
Michel Zink : Elle désigne un amour parfait. L’adjectif fin est employé dans le sens où l’on parle d’or fin, purifié par le feu : sans être désincarné, cet amour est, non seulement respectueux de la femme aimée, mais il lui est soumis. Elle est la dame, c’est-à-dire la suzeraine (domina) et la passion se soumet aux règles de l’honneur et de la bienséance. Amour, dans l’ancienne langue, est de genre féminin, même au singulier. Les poètes en profitent pour parler de leur dame avec discrétion, en feignant de ne désigner que la personnification féminine de l’amour : « Moi, je ne l’ai jamais eue, mais elle, elle m’a toujours / En son pouvoir, Amour. » (Arnaut Daniel)
Codex : L’amour est une réalité subtile…
M. Zink : Pour ces poètes, l’amour est un sentiment contradictoire : à la fois une joie et une douleur, une exaltation et une tristesse. On ne peut pas séparer les deux. Il n’y a pas d’amour malheureux qui n’ait son exaltation, pas d’amour comblé qui n’ait son inquiétude. (…)
Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans Codex #05.